
Nous avons tous un jour éprouvé de la jalousie. Qu’est ce qui la motive ? En général, on le sait à peu près. Comment elle fonctionne et comment s’en déprendre ? C’est plus compliqué.
Commençons par définir ce qu’elle est.
Je reprends ici des définitions du TLFI (Trésor de la langue française illustré) :
- attachement vif et inquiet, amour ou amitié exclusif.ve qui prend ombrage de tout attachement extérieur de la personne aimée,
- irritation et chagrin par crainte ou certitude de l’infidélité de l’être aimé,
- peine et irritation éprouvées par le désir de possession de biens matériels détenus par d’autres personnes.
Je m’arrête ici dans l’énumération des définitions. En lisant ces trois-là, nous comprenons que ce sentiment déclenche de la souffrance à divers degrés (tristesse et irritation), corrélée à un attachement amoureux ou amical, ou un désir de possession matérielle. Je synthétise en parlant de vouloir pour soi-même exclusivement.
C’est donc un sentiment ambigu, puisqu’il mêle à la fois le sentiment d’amour quelle que soit son intensité et la colère et la tristesse et parfois la peur.
Longtemps, j’ai cru que j’étais jalouse en amour. À contrario, je ne me reconnaissais pas dans la personne envieuse de ce que les autres avaient.
Lorsque j’ai été très amoureuse, je me suis retrouvée dans des états émotionnels difficiles à certains moments de ma relation. Quand je voyais l’homme de mon cœur discuter avec complicité avec une autre femme. Quand je le voyais danser avec une autre femme. Quand il m’appelait lorsqu’il était en déplacement et qu’il me racontait qu’il était en train de s’amuser avec ses « amis-collègues ».
Je mettais ça sur le compte de nos trop nombreuses périodes d’éloignement (il était marin d’état et donc souvent absent). Je mettais ça sur le compte de l’amour passionné. Je ne voyais pas vraiment que c’était surtout néfaste pour moi.
Puis, nous nous sommes séparés, pour des milliers de raisons. Et notamment celle qu’il était allé « voir ailleurs ». Dans un premier temps, j’ai alors justifié ce sentiment de jalousie. En revisitant certaines situations et en les interprétant sous un angle défavorable pour lui. À savoir qu’il n’était pas fiable ni fidèle et que c’étaient ses comportements à lui qui déclenchaient ma jalousie.
Aujourd’hui, ce n’est plus comme cela que je comprends cette jalousie. Aujourd’hui, je comprends que j’étais en dépendance affective, due à ces mémoires d’abandon, de rejet et de trahison. Avec cet homme, je rejouais à l’infini ma blessure d’abandon, celle de rejet et celle de trahison. Tant que je n’avais pas conscientisé cette dépendance affective, et toutes ces blessures qui se rejouaient en moi, je ne pouvais pas réellement comprendre ma jalousie. C’est en me remémorant sous un jour nouveau les différents événements qui avaient créé tant de douleur en moi que j’ai pu « faire la traversée ». Passer de cet enfant blessée à cette femme blessée qui décide de se guérir.
Alors suis-je encore jalouse ? Très certainement ! Mes vieux schémas de réaction et de pensées ont la vie dure. MAIS, désormais, je les reconnais plus vite et ce faisant, je m’apaise et reviens à un état émotionnel plus mesuré, plus calme et serein. Et je comprends que si je me sens jalouse, cela ne parle que de moi. Pas de l’autre. Que si l’autre est jaloux, cela ne parle que de ses blessures, pas de mes actions, ni de mes paroles.
À contrario, je ne me reconnaissais pas dans la personne envieuse de ce que les autres avaient. Je parle ici de l’envie matérielle. Longtemps j’ai réellement pensé que je n’étais pas envieuse. Et puis un jour j’ai vu ! Je me suis vue en train de maugréer contre ces femmes qui rencontraient le succès dans leur activité professionnelle, alors que moi… pas encore. Je me suis vue en train de me tourmenter intérieurement en me demandant ce que je n’avais pas, ce qu’il me manquait. Vous remarquez que je ne parle pas à proprement parlé de l’envie d’objets matériels. Je parle du succès. Et il s’agit bien de cette envie malgré tout. Au delà de ce sentiment laid, il s’agit tout simplement du désir de reconnaissance. Et finalement, n’est-ce pas là le moteur de ces deux sentiments « jalousie amoureuse » et « envie matérielle » ? Être reconnu comme quelqu’un qui mérite le détour, qui mérite qu’on oublie de regarder ailleurs… N’est ce pas là la source de ces deux sentiments ?
Et alors, je poise la question. D’où vient ce besoin de reconnaissance ?…
… De soi ! Il vient du fait que nous ne nous reconnaissons pas nous-même comme ayant une quelconque valeur. On parle alors de déficit d’estime de soi, de confiance en soi etc… D’où viennent ces deux manques ? De l’enfance et des blessures d’abandon et de rejet. Nous nous sommes sentis un jour abandonnés et rejetés. Et nous en avons déduit que nous n’étions pas « assez bien », que nous n’avions pas assez de valeur.
Et là, je reviens sur ce sentiment de jalousie.
Tout est lié.
La clé pour se déprendre de ces sentiments négatifs est bien de revenir à soi et de conquérir l’amour de soi, l’estime et la confiance en soi. Une fois arrivé à cet endroit, tout va bien. Plus rien n’est à redouter car nous savons qui nous sommes. Nous savons que nous avons autant de valeur que n’importe qui d’autre.
Et vous, où en êtes-vous avec la jalousie ?
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